
Les vrais fédéralistes européens apprécient l'État-nation
Si vous vous intéressez actuellement aux questions européennes sur « X » ou d'autres réseaux sociaux, vous ne manquerez pas de remarquer les apologistes du fédéralisme européen. Avec un enthousiasme souvent juvénile, ils réclament le transfert de domaines politiques essentiels à l'Union européenne. Ainsi, la menace que représente la Russie de Poutine devrait être contrée par l'européanisation de l'armée. (1) Or, la défense nationale montre justement le lien particulièrement étroit qui existe entre la politique nationale et l'armée. Un exemple : en raison de l'expérience historique des Allemands, la Bundeswehr est une armée parlementaire. (2) Cela signifie que c'est le Bundestag qui décide de ses interventions, et non le chancelier fédéral ou le président fédéral. Quiconque souhaite une Europe forte, capable de se défendre, ne devrait donc pas exiger la communautarisation de l'armée. L'objectif devrait être, comme le propose le politologue Herfried Münkler, un commandement suprême européen auquel seraient subordonnées les forces armées nationales (comparable à l'OTAN jusqu'à présent). Cela pourrait être réalisé dans un avenir proche. Et cela respecterait également les réserves nationales fondées sur l'expérience historique des États membres.
La politique de redistribution est un autre domaine politique qui se prête difficilement à l'européanisation. Ici aussi, la nation constitue pour l'instant le lien unificateur qui permet d'agir dans un esprit de solidarité. Ce lien peut s'affaiblir ou se fissurer, mais il existe toujours : les conceptions de la justice sociale se sont forgées dans des débats nationaux. Les administrations financières sont organisées au niveau national. Et ce sont les parlements nationaux qui décident en grande partie de l'utilisation des recettes fiscales. Cela ne remet bien sûr pas en cause les programmes européens qui visent à l'équilibre économique entre les États membres. Depuis 1975, le Fonds européen de développement régional (FEDER) soutient les régions structurellement faibles de l'UE. Et le Fonds de cohésion, créé en 1994, apporte une aide financière aux États membres dont le revenu national brut par habitant est inférieur à 90 % de la moyenne de l'UE.
Les politiques de défense et de redistribution montrent qu'il s'agit ici de questions fondamentales, qui sont au cœur de la politique nationale, et non de questions relatives au principe de subsidiarité. (6) Outre le fait qu'une Europe fédérale ne verra pas le jour dans un avenir prévisible, des efforts irréfléchis visant à communautariser des éléments essentiels de la politique nationale causeraient de graves dommages. Ceux qui citent l'euro comme un exemple réussi d'européanisation d'une compétence autrefois nationale devraient garder à l'esprit que la monnaie commune ne concerne pas la vie et la mort des citoyens. Qu'est-ce qui s'oppose donc à la mutualisation de la défense et de la redistribution ?
Premièrement, la grande majorité des citoyens ne le souhaite pas. Ils se sont installés dans leur pays membre, leur nation, et se sentent Italiens, Roumains ou Irlandais. Deuxièmement, parce que les conditions essentielles à l'européanisation de ces tâches font défaut. La plus importante d'entre elles est la démocratie. Sans société civile européenne, il n'y a pas de démocratie européenne (7) – et la société civile européenne n'en est qu'à ses débuts. (L'Eurolandpost souhaite apporter sa contribution à ce sujet). Nous sommes confrontés à des barrières linguistiques, des préjugés, des trajectoires nationales différentes et des conceptions et intérêts divergents. Pour de nombreuses personnes, l'identité européenne ne joue pas (encore) un rôle prépondérant. De plus, la démocratie européenne n'est pas encore pleinement développée sur le plan institutionnel. Le Parlement européen ne dispose par exemple pas d'un droit d'initiative.
Et troisièmement, cela n'est en réalité pas nécessaire. Il existe en effet des formes de coopération européenne qui nous permettent de récolter les fruits sans abattre l'arbre profondément enraciné qu'est la nation.
Margit Reiser-Schober
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- Nur ein Beispiel: Mariska den Eeld von der Partei Volt
https://x.com/eeldenden
- Parlamentsarmee
https://www.bundeswehr.de/de/meldungen/bundeswehr-parlamentsarmee-5230938
- Herdfried Münklers Vorschläge:
https://eurolandpost.eu/Europas-Selbstbehauptung
- Europäischer Fonds für regionale Entwicklung (EFRE)
https://www.europarl.europa.eu/factsheets/de/sheet/95/europaischer-fonds-fur-regionale-entwicklung-efre-
- Europäischer Kohäsionsfonds
https://www.europarl.europa.eu/factsheets/de/sheet/96/kohasionsfonds
- Subsidiaritätsprinzip
https://www.bpb.de/kurz-knapp/lexika/lexikon-der-wirtschaft/20791/subsidiaritaetsprinzip/
- Ernest Gellner: „Bedingungen der Freiheit – die Zivilgesellschaft und ihre Rivalen“
Klett-Cotta, Stuttgart 2001